Les souvenirs de guerre d’un marin allemand – Chapitre un

Le lance caporal mécanicien Wilhelm Küllertz
Les étapes de la vie ou le destin ne peut être planifié

Créé par Willi Küllertz en novembre 2018

Chapitre premier

Wilhelm Küllertz est né le 6 juin 1925. Il était le deuxième enfant de Johann Küllertz et Bernhardine Küllertz née Nieländer. Sa famille vivait à Katscher, dans le district de Leobschütz, dans ce qui était alors la province impériale de la Haute Silésie.

Son père Johann Küllertz avait été employé comme directeur jusqu’à sa retraite par la firme Davistan Krimmer-, Plüsch- und Teppichfabriken AG à Katscher. Au cours de l’aryanisation, Davistan (ayant un propriétaire juif) a été repris par Scheffler. L’entreprise fabriquait désormais des vêtements pour la Wehrmacht au lieu de tapis ou de produits de tissage similaires.

En 1935, Johann Küllertz et son épouse Bernhardine emménagent dans leur nouvelle maison à Wiedenbrück, en Westphalie. Après son école primaire, Wilhelm Küllertz travaille comme apprenti mécanicien de précision pour C. Ottens, une entreprise de fabrication de bicyclettes et de machines à coudre à Wiedenbrück.

Après avoir reçu son certificat de compagnon, il s’enrôle dans la marine. Son objectif était de s’engager pour un an afin de compléter ses études techniques pendant son service dans la marine allemande. Il commence son service militaire le 10 septembre 1942.

Wilhelm Küllertz

Le fier marin Wilhelm Küllertz
au début de son service militaire (Source : Famille Fauré-Roux).

Jusqu’au 11 décembre 1942, il suit son entraînement militaire de base à Stralsund. Du 12 décembre 1942 au 12 mai 1943, il complète sa formation militaire par un cours donné l’intention du personnel technique sur le fonctionnement des moteurs au 1er Service de formation sur les moteurs de navires. A partir du 13 mai 1943, il passe au 3e Service d’entraînement pour le nouveau torpilleur Type 39.

Willi T-35

Torpilleur du type 39

Photo du T35 similaire au T24

Willi T-35.1

Photo du T35 similaire au T24

Initialement commandé comme torpilleur de type 37 le 30 mars 1939, le T24 est commandé de nouveau à Schichau le 10 novembre 1939. La construction du bateau commence le 21 septembre 1940 au chantier naval d’Elbing, en Prusse orientale, numéro de chantier 1483, puis le T24 est lancé le 13 septembre 1941 et mis en service le 17 octobre 1942 sous le commandement du capitaine lieutenant Heinrich Hoffmann.

Mon père a appris la connaissance de ce type de navire à Elbing en participant à la construction de l’un des nouveaux bateaux, toujours à Schichau Werft. Après sa formation pour ce type de navire, il est affecté directement à bord du torpilleur T24.

Il y a deux autres choses dont je me souviens de ce que mon père m’a dit. Lorsqu’on demandait à un marin comme mon père sur quel type de navire il se trouve, la fierté était plus grande lorsque le navire était plus grand. Plus c’est grand, plus il y a de fierté. La première fois que je lui a demandé, il ne pouvait pas m’expliquer ou je n’étais pas en mesure de comprendre. Puis je lui ai demandé si c’était un dragueur de mines et il m’a répondu “Non”. Quand je lui ai demandé s’il s’agissait d’un chasseur ou d’un navire d’escorte pour protéger les convois, il m’a répondu “Non”. Puis je lui ai demandé si c’était un destroyer et il m’a répondu : “Non, il était beaucoup plus petit !” Des années plus tard, dans une autre conversation, il me dit avec un petit clin d’œil : “On l’appelait dans la Kriegsmarine le “DESTROYER SECRET !”

Et des années plus tard, j’ai appris que le traité de Versailles disait que l’Allemagne n’était autorisée à construire qu’un nombre limité de navires de certanes classes spécifiques. C’est pourquoi un Torpedoboot a été nommé Flottentorpedoboot, officiellement un torpilleur, mais ayant la taille d’un destroyer. Pas un gros destroyer comme un croiseur léger, mais bien un destroyer. Voilà donc la différence entre la théorie et la réalité.

Dans une seconde conversation, il expliqua à mon frère que ce navire avait deux tuyaux d’échappement. Un pour la fumée et un pour la vapeur, donc un noir et un blanc. Des années-lumière plus tard, quand j’ai vu un destroyer de la classe Elbing sur une photo dans un livre, je me suis souvenu. Et j’ai demandé à mon frère une fois de plus et j’ai su que j’avais eu finalement raison avec ce que j’avais toujours pensé.

Willi Postcards 1

Cartes postales d’un fier jeune homme à sa famille,
recto et verso, estampillés à Berlin et Stralsund (collection privée).

Willi Postcards 2

La dernière carte de la formation de base

Le choix du motif vous permet à nouveau d’être enthousiasmé par la marine (collection privée).

Au cours de l’été 1944, le T24, appartenant à la 4ème flotille de torpilleurs à Brest, faisait partie de la 8ème flotille de destroyers stationnée à Bordeaux et opérant dans la zone du golfe de Gascogne. Pendant ce temps, le T24 était souvent utilisé avec le destroyer Z24. Il s’agissait des dernières grandes unités qui restaient dans la Kriegsmarine à l’Ouest.